jeudi 29 décembre 2011

LE SYSTÈME RPT NE CONNAIT PAS LE VOCABULAIRE DIALOGUE, C’EST UN TROMPE OEIL !

Tant que les lions n’auront pas leur propre historien, les histoires de chasse tourneront toujours à la gloire du chasseur” 


Ce n’est pas faut de dire que le Togo est un pays béni avec des ressources naturelles abondantes, c’en est un autre de se résoudre à accepter qu’on y trouve sans conteste, l’opposition la plus sclérosée de l’Afrique de l’Ouest.
Au moment où l’Histoire lui tend une main généreuse à travers la vague d’indignation qui secoue actuellement le monde estudiantin, l’opposition Togolaise, essoufflée par une espèce d’incapacité à s’organiser, est assujettie à la conduite des affaires que lui impose le pouvoir. 

Le Togo est au tournant de son histoire, il est donc de bon ton de révéler le caractère cauteleux de la « concertation » qui se concocte dans les officines du pouvoir de Lomé2. Ce marché de dupes n’attire que les opposants véreux qui rivalisent d’imagination pour garantir leur place à la mangeoire-garage. Ces pseudos opposants, aux rêves si facilement monnayables, mais surtout, si prompts à marchander leur conviction étalent leur cupidité dans toute son horreur. Ces retrouvailles lugubres, aux allures d’un authentique complot contre le peuple, seront d’autant plus teintées de laideur morale que se touilleront dans le chaudron du diable des mots complicité, achat de conscience et prostitution politique. Un mélange indigeste pour un peuple atterré par les frasques d’un clan sans foi ni loi. 

Pascal Bodjona, au service de son Maître , et qui a toujours menti comme un arracheur de dents, ne peut aucunement se muer en interlocuteur crédible, au regard des grands enjeux à venir pour notre pays. Une opposition qui sait prendre ses responsabilités devrait, autant que faire se peut, faire plier le régime en place, afin de concevoir de manière consensuelle, les conditions d’une concurrence ouverte pour le pouvoir et qui soient compatibles avec le respect et la promotion de tous les droits de la personne humaine : civils, politiques, culturels, économiques et sociaux. A contresens du choix et des intérêts du peuple, le pouvoir de Faure Kodjo Gnassingbé s’arrogeait le droit de nommer les parlementaires (car ces députés RPT, n’ont jamais été élu en fait ) en fonction de leur degré de soumission et nul ne s’y opposerait, tant, son pouvoir est absolu, détenant ipso facto entre ses mains, le pouvoir de défaire des vies, d'en fabriquer, d'ordonnancer même la mort et de l'administrer. 

En réalité, les futures élections législatives sont sans enjeu pour Faure Gnassingbé. Quelle que soit la couleur politique des députés, l’Homme fort du Togo ne court aucun risque de ballottage; sa constitution taillée sur mesure ne prévoit ni cohabitation, ni démission. Les dés sont véritablement pipés !! Au Togo, Faure et son clan jouent une partition aisée alors que l’opposition est complètement désemparée, faute d’un projet politique fédérateur. Contre toute attente, on observe une ruée vers la mangeoire de Lomé2, et ceux qui sont censés incarner une véritable alternance rivalisent de médiocrité et d’amateurisme. Or, conquérir un pouvoir ou s’y maintenir, comme on l’a expliqué à maintes occasions, est forcement une question de gestion des rapports de force. Cette gestion repose, sous d’autres cieux, sur des valeurs qui fondent l’universalité de sa pratique et de son ancrage au sein de la population. L’argument qui consiste à dire que l’on souhaite changer les choses du dedans ne prend plus. Seuls ceux qui l’avancent font encore semblant d’y croire, le reste des citoyens a été depuis longtemps édifié sur ces questions. Conséquence, on est en pleine crise de confiance entre ceux qui sont guidés par le débauchage éhonté et la partie de l’opposition susceptible d’incarner une véritable alternance. 

Cette dernière subit des réguliers coups de boutoirs de la part du pouvoir au point qu’elle s’amenuise chaque jour comme une peau de chagrin. Sans modification de rapport de force, qui cristalliserait toute la fureur de la rue Togolaise, il serait illusoire de s’attendre à la mise en place d’un dialogue bipartite aux fins de réviser les listes électorales par le biais d’un recensement objectif du corps électoral. On gommerait ainsi tous les tripatouillages confectionnés en 2005 et même bien avant, qui contribuèrent à la réalisation du hold up électoral comme ils en ont le secret. Chaque jour, les raisons du ras-le-bol s’amoncèlent dans la gibecière des indignés Togolais. De la fermeture des radios, des parodies de procès contre les journalistes, l’arrestation et la détention arbitraire des étudiants, de paisibles citoyens, en passant par le pillage systématique des recettes publiques au seul profil du clan, sans oublier la dégradation des conditions de vie du Togolais, les tenants de ce pouvoir s’acharnent à ôter cette lueur d'espoir jamais concrétisée en raison de leur facétie. Ils sont absorbés par la versatilité, la mondanité et l'excès de confiance, mais surtout enivrés par des recettes abondantes de la douane, du port et des trafics en tout genre. Comme partout ailleurs, le mot indignation fait liesse, le concept fait florès, la scansion fait promesse. Il ne fallait plus s’appuyer sur les partis politiques- frappés d’une intrinsèque incapacité à créer un véritable rapport de force- pour faire aboutir leurs revendications. 

Qu'ils soient baptisés "indignés" ou non, leur contestation sous forme d'occupation s'étend bien au-delà des rives de la Méditerranée. Du mouvement « Y'en a marre ! » au Sénégal notamment porté par les rappeurs Thiat et Sidy Cissokho à celui « du 15 mai » en Espagne rallié au chant des Républicains espagnols de 1936, No nos moveran ("Ils ne nous feront pas bouger !"), les insurgés de notre monde globalisé prennent bien garde à ne pas être récupérés. Comme à la veille de la CNS en 1991, nous avons un contexte qui sied à un vrai dialogue entre fils et filles de ce pays. Une occasion où on se parlerait franchement, sans langue de bois, pour réaliser de façon concertée un véritable audit du Togo. En dépit des exponentielles recettes dans notre pas, « l’indice de pauvreté multidimensionnelle » ( IPM), indique que les Togolais vivaient mieux dans les années 70 qu’aujourd’hui, ce qui traduit la dimension du désaveu et, ceux qui s'accrochent encore à ce pouvoir ont tout faux. Le monde change, les acteurs aussi. Sous le clan Faure Gnassingbé, le Togo connaît six années d'un pouvoir liberticide, inégalitaire et boulimique qui a fini par réveiller soudain la conscience des togolais pressurés et foudroyés par l'onde de choc des promesses non tenues, remplacées par des projets mal ficelés, quitte à sacrifier le destin de tout un peuple plongé dans la précarité.

Espérons que ce peuple réveillé ne sera plus rendormi et réussira à contourner la grande supercherie que lui prépare, une fois de plus, ce pouvoir en organisant de façon unilatérale les élections futures, alors qu'aucune condition de transparence n'est garantie. En réalité, il convient de briser l’aboulie et rétablir un climat de confiance qui casserait cette logique de non démocratie générée par la monopolisation du pouvoir par le RPT et arriver à une dévolution du pouvoir digne des nations modernes. Nous sommes en face d’un pouvoir qui n’a aucune ambition noble pour le pays, il revient donc à tous les Togolais de concevoir un dispositif qui mettrait en avant l’alternance comme moyen assurant la continuité de l’Etat… Afin de mettre définitivement le peuple à l’abri des affres d’une indigence provoquée par le pouvoir et éviter les bégaiements de l’Histoire à chaque élection présidentielle, ce dispositif devra être conçu de manière consensuelle. Au delà des vraies tractations susceptibles de préparer des consultations crédibles et transparentes, il faut se projeter dans la gestion des conditions de l’éviction de toute l’équipe dirigeante.

Le Togo trouverait ainsi l'occasion de pansement des blessures d'un peuple broyé par la mauvaise foi d'un régime totalitaire, cupide, tyrannique, dénaturé et infecté par des transfuges éhontés. L'ampleur du désappointement de ce peuple en quête d'équité, de justice et de liberté n'avait jamais autant atteint son paroxysme. En jouant le pourrissement, Faure Gnassingbé et sa suite courent le risque d'être désavoués et défenestrés par le réveil brusque d'un peuple prétendu fataliste, longtemps grugé, humilié et opprimé. 

Que ceux qui aiment le Togo, réfléchissent, car mieux vaut tard que jamais !!!