dimanche 26 février 2012

À quoi sert l’élection présidentielle en Afrique francophone française?


Les faits sont là. Indiscutables. La planète tourne à vive allure, et l'Afrique ressemble à "un serpent recroquevillé sur lui-même, qui se mord la queue". Les chefs d'État africains doivent comprendre une fois pour toute, qu'ils ne feront pas carrière à la tête de leurs États. Qu'ils n'ont pas une longévité à rallonge, et qu'ils ne transmettront pas le pouvoir à leur progéniture comme un patrimoine personnel. Cependant, cest ce que nous avons toujours vu en Afrique Francophone Française. Y a-t-il un problème spécifique ou en commun à ces pays ? Voilà la bonne question  à notre avis.

Adoptée au lendemain des indépendances par la plupart des constitutions africaines, l'élection présidentielle, était longtemps appréciée pour la "stabilité" quelle semblait conférer aux institutions, doit être réévaluée, et ses effets profondément délétères dénoncés (Thierry Michalon).

Par définition, l'élection présidentielle est "la rencontre entre un homme et le peuple". Cet homme, avec ses idées et son programme, à force d'arguments, recevables ou discutables, cherche à convaincre le peuple en sollicitant son suffrage.

Cette démarche, simple en apparence, reste une gageure en Afrique surtout Francophone, plus de cinquante après les indépendances ou de pseudo-indépendances. La culture de la confiscation du pouvoir reste la règle, au détriment de la culture de l'alternance politique. On encourage le peuple à se remettre à un Prince plutôt qu'à accorder sa confiance à des institutions. Les cas effroyables sur le continent en disent long sur cet état de chose et nous ne voulons non plus sappesantir là-dessus.

Les constitutions africaines ne sont qu'une vitrine, une façade, voire un paillasson sur lequel les présidents à vie s'essuient les pieds. A l'image de la pâte à modeler, elles sont sans cesse réécrites, manipulées et tripatouillées au gré des caprices du Prince. Elles permettent complaisamment à des dictateurs notoires de se porter candidats, et donc, non seulement de se représenter à l'élection présidentielle (à laquelle ils n'auraient pas dû se (re) présenter), mais aussi de se faire réélire par la brutalité, l'intimidation, les tueries, le crime, la peur, le désordre sciemment organisé, et par la force des armes. Le constitutionnaliste du droit africain G. CONAC estime: « Dans la mesure où la Nation reste un projet fragile, elle a besoin de s'incarner dans un homme qui lui donne en quelque sorte son identité ». Cet homme, le Président, "est au centre de tout" et parfois même se confond avec l'État. C'est lui qui bâtit la Nation, dirige l'État et le personnalise.

Pour preuve: Au Togo, l'actuel président, Faure Essizimna Kodjo Gnassingbé a mis entre parenthèse les reliques de la constitution de 1992 tripatouillée par son géniteur, elle-même complètement dévaluée en 2005  en 24 heures chrono, ahurissant et scandaleux feuilleton par le fils-président, pourtant approuvée à lépoque par une majorité de Togolais. Il s'est fait tailler "sur mesure" sa constitution. Lélection présidentielle se déroule à un tour afin de mieux réaliser les hold-up électoraux comme cela a été toujours le cas du père au fils ? Pris dans son propre étau, son mandat s'achève en 2015. Aura-t-il l'élégance morale de quitter le pouvoir, ou cèdera-t-il à sa "cour " qui lui susurre de modifier "sa constitution" pour conserver le pouvoir? L'avenir proche nous le dira.

- Au Bénin, le président sortant Yayi Boni a été réélu haut les mains grâce à des fraudes massives et piétinant la constitution de son pays au nez et à la barbe de tous. 
- Récemment, en République démocratique du Congo, la constitution vient d'être modifiée par le fils président. La prochaine élection présidentielle sera à un seul tour.

- En République Centrafricaine, le président Bozizé a été réélu après avoir organisé de fraudes massives.

- Au Cameroun, Paul Biya après vingt-neuf ans au pouvoir, vient une fois encore dêtre réélu par lentremise des fraudes énormes comme toutes les autres fois.

- Au Tchad, Idiss Déby vient de prêter serment après une élection présidentielle boycottée par l'opposition.

- Au Gabon, l'élection du candidat André Ba Obam a été usurpée au profit du candidat de la Françafrique, Ali Bongo fils du défunt Omar Bongo.

- Au Sénégal, Abdoulaye Wade (86 ans), a voulu faire modifier l'article 71 de la constitution sénégalaise, pour se faire succéder par son fils, Karim Wade. Seule la mobilisation du peuple sénégalais a eu raison de ses velléités. Mais il  a tout de même réussi à tripatouiller la constitution pour briguer contre vents et marrées un troisième mandat pour la destinée du Sénégal, les jours à venir nous renseigneront davantage? Quel recul pour ce pays ou bien doit-on parler plutôt d’une malédiction contagieuse et rampante  en Afrique francophone française?
A quand donc la fin de cette honteuse pagaille de tripatouillage de constitution, qui ridiculise notre sous-région ? 

L'élection présidentielle reste profondément nocive en Afrique francophone française. Elle conduit l'électeur africain à se prononcer en fonction de considérations relationnelles et affectives. Elle le pousse à ignorer que « les mécanismes démocratiques doivent servir à exprimer des attentes différentes quant à l'avenir de la Cité, et qu'il n'y a pas de politique sans libre confrontation de ses attentes. Elle amène et le citoyen et l'homme politique à considérer l'État comme un réseau de relations et non pas comme un ensemble de fonctions devant être remplies de manière neutre et objectives. Elle encourage le citoyen africain à voir dans l'État un mécanisme d'accaparement légitime de biens collectifs par le clan du vainqueur » (Thierry Michalon).

En outre, détourné de son devoir envers l'intérêt général, l'appareil d'État devient une machine de plaisir et de profit entre les mains de son chef et de ses amis. « La corruption, le népotisme, le favoritisme et le gaspillage s'installent, ainsi que l'indulgence à l'égard de l'incompétence des favoris et l'inconscience à l'égard de la sienne propre, qui ne peut que croître dans des conditions aussi protégées, aussi propices à l'enflure du Moi » (Jean François Revel).

L'élection présidentielle en Afrique engendre l'autocratie, l'arbitraire, la médiocrité, la confiscation du pouvoir, et la dilapidation des deniers publics par le clan du vainqueur.

Plus grave, l'élection présidentielle est source d'insupportables violences, de guerres civiles ouvertes et larvées en Afrique. Le cas de notre pays en 2005 est révélateurs à ce sujet avec à la clé des centaines de morts. Les récentes exactions survenues en Côte-d'Ivoire en sont une fois encore l'illustration parfaite. En sus, dans la nuit du 18 au 19 juillet 2011, la résidence privée du chef de l'État guinéen, Alpha Condé, a été attaquée au bazooka par des groupes armés, sept mois après de vives crispations postélectorales.

Dans tous ces cas précités, la France a  toujours tiré les ficelles dans lombre grâce à ce réseau mafieux de françafrique et des coopérants militaires et des bases militaires dans ces pays pour quelle raison ? Si ces pays sont réellement indépendants que cherchent ces bases militaires alors ?  La France na jamais coupé le cordon ombilical avec lAfrique francophone dont elle tire lessentiel de ces ressources de toute nature. De tout ce qui précède, cest la France qui est à la base des  instabilités politiques dans ces pays, en soutenant et en armant  tacitement les potentats afin quils répriment sauvagement toutes contestations populaires.

Dès lors, une solution est-elle envisageable pour contenir les impasses et les errements de l'élection présidentielle en Afrique francophone française? N'ayant pas la science infuse, seules quelques pistes de réflexion sont envisageables. Aux effets désastreux de l'élection présidentielle en Afrique, il est opportun de réhabiliter les deux piliers de l'État de droit que sont: la Démocratie et la République.

La démocratie est la procédure d'élaboration des règles de droit à partir d'un compromis entre les attentes antagonistes des différentes catégories sociales dune nation ou dun pays.

La République quant à elle est l'ensemble des valeurs qui président à la mise en œuvre égalitaire des règles selon le principe de l'égalité des administrés devant la loi.

Une fois ces deux piliers mis en place, on envisagerait de
"refonder la légitimité" présidentielle par un mode de désignation moins solennel, en " cantonnant le président à un rôle plus effacé, de "sage actif" par exemple, pour le plus grand profit des mécanismes de la démocratie représentative". (Thierry Michalon)

Une autre solution, pragmatique, plausible, est suggérée par le constitutionnaliste congolais, Félix Bakounda. Il propose non seulement de "repenser le président africain, mais aussi de symboliser l'institution présidentielle". Il poursuit sa démonstration en ces termes«  l'observation de presque l'ensemble des États africains, depuis l'indépendance, démontre que l'institution présidentielle, telle qu'elle a fonctionné jusqu'ici, et à des degrés différents selon les États, contribue à la destruction du tissu socioculturel et économique. Le président africain, c'est une évidence, recherche inévitablement la fidélité et le soutien inconditionnels des "siens", finit par devenir dépendant, prisonnier de ceux-ci ».

En définitive, pour mettre un terme aux mascarades électorales, aux falsifications des listes électorales, aux fraudes massives, aux commissions électorales qui sont loin d'être "indépendantes", et à la manipulation du suffrage universel constatée ici ou là, l'élection présidentielle en Afrique francophone française mérite d'être revisitée. Sa suppression, voire son remplacement par un autre mode de désignation du président, épargnerait sans conteste à l'Afrique des violences et des drames inutiles.
Mais au-delà de cette analyse, il nous paraît indéniable que nous nous penchions sur deux grandes questions essentielles aux enjeux multiples pour nos pays africains, qui sont: 

1- Est-ce que lintelligentsia africaine sinvestit suffisamment dans des réflexions sur le modèle démocratique et les stratégies de développement?
2- Est-ce que les Universités africaines considèrent comme leur mission de contribuer à définir et à théoriser sur les bonnes politiques?



À VOS RÉFLEXIONS !!!

vendredi 24 février 2012

Pour mieux comprendre les interventions militaires occidentales dans ce 21e siècle


La plupart d’entre nous ce sont certainement posés cette question au vue des derniers développements géopolitiques et géostratégiques dans le monde en commençant par les fameuses « révolutions arabes », suivies de cette agression contre la Côte-d’Ivoire puis maintenant, ce qui se passe en Syrie  et viendra après le cas de l’Iran et qui sait encore  d’autres encore…Alors pour vous donner une petite idée de ce qui se passe, il nous sied de revenir sur quelques pistes que nous avions développées dans deux articles précédemment. 

Le 07 Novembre 2009, nous avions publié sur notre blog un article intitulé ײ   La Fin programmée de la démocratie dans les pays du Nord et étouffée  dans les pays du Sud ". Dans cet article, nous avions essayé de faire une analyse de ce que nous vivons aujourd’hui et surtout les raisons profondes ou encore mieux la motivation de cette fin rythmée de la démocratie alors que beaucoup de pays n’ont pas encore expérimenté cette façon de gérer de la Cité. Ensuite tout récemment nous avions aussi publié un article titré ײMaudite soit la démo-dictature", qui est un jeu de mots mais qui a tout son sens…

Pour mieux  vous plonger réellement et vous nourrir  davantage en idées, nous nous référons à une citation de  David Rockefeller, « Nous sommes à la veille d'une transformation globale. Tout ce dont nous avons besoin est la bonne crise majeure, et les nations vont accepter le Nouvel Ordre Mondial ».
La question est de savoir de quel ordre mondial parle Sieur Rockefeller ?  A l’aune de notre analyse vous comprendrez aisément qu’il ne s’agit que de l’oligarchie.

En effet, nous vivons depuis quelques années un changement radical du type de régime politique dans les pays occidentaux, avec l'avènement d'un nouveau pouvoir, celui des réseaux économiques et financiers. Voici les raisons pour lesquelles nous ne sommes déjà plus tout à fait en démocratie.

I-            Entre Oligarchie et  Ploutocratie

Nous sommes dans un régime qui se situe entre l'oligarchie (en grec, le pouvoir d'un petit nombre), une élite qui débat entre elle puis impose ses décisions à la collectivité, et la ploutocratie (le pouvoir des plus riches).

La démocratie est définie comme, le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple.

Or aujourd'hui, c'est plutôt le pouvoir des riches, par les riches et pour les riches.
Dans son ouvrage le journaliste Hervé Kempf, (2011), L'oligarchie ça suffit, vive la démocratie, l’auteur pose certaines interrogations qui doivent honnêtement nous interpeller à plus d’un titre afin de savoir quelles orientations devrions nous donner à la lutte dans notre pays.
 Kempf, H., débute ainsi, « Sommes-nous en dictature? Non. Sommes-nous en démocratie? Non plus. Les puissances d'argent ont acquis une influence démesurée, les grands médias sont contrôlés par les intérêts capitalistes, les lobbies décident des lois en coulisses, les libertés sont jour après jour entamées. Dans tous les pays occidentaux, la démocratie est attaquée par une caste. En réalité, nous sommes entrés dans un régime oligarchique, cette forme politique conçue par les Grecs anciens et qu'ont oubliée les politologues: la domination d'une petite classe de puissants qui discutent entre pairs et imposent ensuite leurs décisions à l'ensemble des citoyens.
Si nous voulons répondre aux défis du XXIe siècle, il faut revenir en démocratie: cela suppose de reconnaître l'oligarchie pour ce qu'elle est, un régime qui vise à maintenir les privilèges des riches au mépris des urgences sociales et écologiques.
Car la crise écologique et la mondialisation rebattent les cartes de notre culture politique: l'Occident doit apprendre à partager le monde avec les autres habitants de la planète. Il n y parviendra qu'en sortant du régime oligarchique pour réinventer une démocratie vivante. Si nous échouons à aller vers la Cité mondiale, guidés par le souci de l'équilibre écologique, les oligarques nous entraîneront dans la violence et l'autoritarisme
 ».
Il est de l'intérêt des puissants de faire croire au peuple qu'il est en démocratie. Mais on ne peut pas comprendre le moment présent si l'on n'explore pas la réalité soigneusement occultée : nous sommes en oligarchie, ou sur la voie de l'oligarchie.

Identifier le mal, c'est se donner les moyens de le guérir. L'histoire est fille de la liberté. L'oligarchie peut être renversée, la démocratie refleurir, le peuple prendre en main son destin, l'équilibre écologique se reformer  mais les affaires du monde sont-elles guidées par la raison ?


II-          Des citoyens au « faible rendement mental »

La critique capitaliste de la démocratie a commencé à s'affirmer au mitan du XXe siècle. Jusqu'alors, la démocratie était violemment dénigrée par le fascisme et par le marxisme.
À partir des années 1940, des idéologues capitalistes ont commencé eux aussi – alors que le fascisme était défait – à critiquer l'idéal démocratique. Une analyse majeure est de ce point de vue celle de l'économiste Joseph Schumpeter, qui publia en 1942 aux États-Unisson maître-ouvrage Capitalisme, socialisme et démocratie. Persuadé que l'étalon de la rationalité était celui de l'entrepreneur cherchant à maximiser son profit, le professeur de Harvard s'attaquait à la théorie libérale de la démocratie, en commençant par démontrer l'inanité du concept de bien commun. De même, le « peuple » n'avait pas de substance : la « volonté des citoyens » se réduisait à « un ramassis confus de vagues impulsions mollement rattachées à des slogans tout faits et à des impressions erronées ». Quant au citoyen, manipulé par les partis, conditionné par la publicité, occupé de ses affaires personnelles, il ne pouvait être rationnel : « Le citoyen typique, dès qu'il se mêle de politique, régresse à un niveau inférieur de rendement mental […], il redevient un primitif ».
Ainsi, pilotée par les politiciens, « la masse électorale est incapable d'agir autrement que les moutons de Panurge ». Ce diagnostic conduisait Schumpeter, qui ne prenait cependant pas explicitement position contre la démocratie, à réduire celle-ci à une procédure : « La méthode démocratique est le système institutionnel, aboutissant à des décisions politiques, dans lequel des individus acquièrent le pouvoir de statuer sur ces décisions à l'issue d'une lutte concurrentielle portant sur les votes du peuple. » C'est dire que la politique se réduit à une joute entre partis pour capter d'élection en élection les faveurs d'une masse à peu près stupide et conditionnée.
«Cette circonstance, poursuit Schumpeter, impose aux hommes placés au gouvernail ou près du gouvernail une vision à court terme et leur rend extrêmement difficile l'accomplissement des efforts persévérants orientés vers des fins à peine distinctes qu'impliquerait le service des intérêts à long terme du pays. » Ironie de l'histoire, Schumpeter reprenait la métaphore de Mussolini : « Le Premier ministre d'une démocratie pourrait être comparé à un cavalier si complètement absorbé par ses efforts pour rester en selle qu'il ne peut diriger sa course. » Au total, dans la vision de MM. Berlusconi et Schumpeter, on peut distinguer ainsi la dictature et la démocratie : dans le premier cas, le chef ne peut que commander à son cheval, dans le second, il ne peut qu'essayer de ne pas être désarçonné.
Quel était le pronostic final du professeur pour limiter les dégâts de ce système si médiocre ?  Constituer une sorte de classe de dirigeants « de suffisamment bonne qualité », « une “strate” sociale, formée par un processus de sélection sévère, dont les éléments s'orientent tout naturellement vers la politique ».
Qu'à bien des égards, la description de Schumpeter correspond  à la situation actuelle, on peut l'admettre. Qu'elle corresponde à la démocratie est une autre affaire. On y reviendra. Mais en chemin, il faut d'abord s'arrêter à une autre étape majeure de la critique capitaliste de la démocratie. Il s'agit de l'analyse de la Commission Trilatérale, publiée en 1975, et intitulée Crisis of Democracy. La Commission regroupe depuis son origine en 1973 des dignitaires politiques et économiques provenant des États-Unis, d'Europe et du Japon, afin de « renforcer la coopération entre ces trois régions ».

Le chapitre le plus significatif du rapport de 1975 concernait les États-Unis et était rédigé par Samuel Huntington, le même Huntington qui s'illustrerait plus tard en théorisant le « choc des civilisations » censé opposer l'Occident à l'islam – une théorie qui ferait le miel des néoconservateurs et d'une présidence aussi magnifiquement démocratique que celle de George W. Bush.
Que disait le rapport de la Trilatérale ? Il célébrait la démocratie, mais pour en déplorer les excès. « La décennie 1960 a témoigné de la vitalité de l'idée démocratique. Elle a été une décennie de poussée démocratique et de réaffirmation de l'égalitarisme démocratique. » L'auteur n'avait pas besoin de citer ce qui était alors évident pour tout le monde : la lutte contre la guerre au Vietnam, les mouvements de Mai 68, la révolution hippie, l'énergie populaire qui avait poussé partout à l'amélioration des revenus du travail.  Inconvénient de cette effervescence : « La vitalité de la démocratie aux États-Unis dans les années 1960 a engendré une augmentation substantielle de l'activité gouvernementale et une diminution substantielle de l'autorité gouvernementale. » Au moment de la rédaction de l'ouvrage, le président Richard Nixon venait d'être contraint à la démission après qu'il eut été prouvé qu'il avait commandité la pose d'un système d'écoutes téléphoniques au siège du Parti démocrate, dans l'immeuble Watergate.
En fait, concluait Huntington, « plusieurs des problèmes de gouvernance aux États-Unis aujourd'hui découlent d'un excès de démocratie […]. Ce qui est nécessaire est un degré plus grand de modération dans la démocratie ». L'habitude qui s'était prise d'exprimer son point de vue était décidément gênant : « Le bon fonctionnement d'un système politique démocratique requiert habituellement une certaine mesure d'apathie et de non-engagement d'une partie des individus et des groupes. »
M. Huntington concluait en ces termes : «Nous en sommes venus à reconnaître qu'il y a potentiellement des limites désirables à la croissance économique. Il y a aussi potentiellement des limites désirables à l'extension indéfinie de la démocratie politique. » Par le plus infortuné des hasards, la croissance ne serait pas remise en question par la suite par les affidés de la Trilatérale. Pour ce qui est de l'extension de la démocratie, en revanche…

Dans la belle théorie de M. Schumpeter, il y avait un point que le digne professeur avait bien vu, mais qu'il avait relégué dans une note de bas de page, sans chercher à exercer sa verve cynique. À propos des « intérêts capitalistes organisés », il remarquait : «On doit reconnaître que des ressources privées sont fréquemment employées aux fins d'interférer avec le fonctionnement du mécanisme de commandement concurrentiel. » Et ? Rien ! Le citoyen est un primitif, le peuple n'existe pas, mais l'interaction entre les intérêts capitalistes organisés et la démocratie ne vaut pas plus que deux lignes. De même, la Trilatérale, trente ans plus tard, entr'apercevrait l'ombre de l'esquisse d'un problème : dans des « remarques », un membre de la commission observait « un nouvel aspect » : « Les gouvernements démocratiques peuvent éprouver des difficultés à faire face au pouvoir d'institutions extraparlementaires […].  Je pense à deux puissantes institutions économiques – les compagnies géantes et les syndicats grands et puissants. »  On sait ce qu'il est advenu des « grands et puissants syndicats ». Mais des compagnies géantes ?

C'est David Rockefeller, membre de la Trilatérale et président de la Chase Manhattan Bank, qui allait donner la réponse en 1999 dans Newsweek : « Dans les dernières années, une large partie du monde a tendu vers la démocratie et les économies de marché. Cela a amoindri le rôle des gouvernements, ce qui est quelque chose à quoi les hommes d'affaires sont favorables. Mais l'autre aspect de ce phénomène est que quelqu'un doit prendre la place du gouvernement, et les entreprises [business] me semblent être l'entité logique pour le faire. »
La boucle pouvait alors se boucler : il ne restait qu'à bien exercer « la technologie du pouvoir démocratique qui permet aux classes dirigeantes de contrôler le peuple au nom de la légitimité populaire ». Et puisque cela marche si bien, on peut même lancer quelques ballons d'essai sur l'idée de dictature. Bienfaisante, bien sûr.


III-       Le glissement vers l'oligarchie

Le sommet de Copenhague fut, du point de vue journalistique, un moment extraordinaire. Et pourtant, malgré l'intensité foisonnante de ces journées qui paraissaient dépasser vingt-quatre heures.
Ryszard Kapuscinski était un reporter polonais qui a écrit, jusque dans les années 1980, des reportages parmi les plus beaux que nous connaissons.
Dans Le Shah, décrivant l'Iran sous le règne de Reza Pahlavi entre 1941 et 1979, il dresse un tableau glaçant de ce qu'est une dictature: la somme incroyable de violence et de souffrance qu'entraîne le pouvoir d'un tyran convaincu de sa raison, la peur du policier et de la dénonciation qui paralyse la conduite de chacun, la méfiance de tous envers tous, jusqu'entre parents et enfants.
Dans cette pérégrination littéraire sans finalité apparente, Kapuscinski,  « Ce n'est pas l'être humain qui, de nature, est mauvais, dépravé, mesquin, mais le système dans lequel il est amené à vivre. C'est pourquoi Hérodote est un défenseur acharné de la liberté, un adversaire du despotisme, de l'autocratie et de la tyrannie, car il considère que seule la démocratie permet à l'individu de se comporter avec dignité, d'être lui-même, d'être humain. “Regardez, semble nous dire Hérodote, un minuscule groupe d'États grecs a réussi à vaincre une immense puissance orientale ! Pourquoi ? Parce que les Grecs se sentaient libres et, pour cette liberté, ils étaient prêts à tout donner.” »
Ce portrait pourrait être celui de l'esprit qui a présidé à l'invention de la démocratie.

IV-        Sommes-nous déjà en oligarchie ?

Revenons à nos écologistes de Copenhague. Le fait majeur qui définit notre époque : la crise écologique et la nécessité impérative d'en prévenir l'aggravation si nous voulons éviter le chaos d'une communauté humaine. Mais d'abord : que se passe-t-il ? Qui sont les auteurs de ce  chao ?
On se rappelle le raisonnement des écologistes: la crise écologique est d'une gravité telle qu'il faut prendre des mesures radicales pour la prévenir. Mais les citoyens d'aujourd'hui refusent de changer leur mode de vie destructeur. Dès lors, les dirigeants qu'ils élisent ne prennent pas les mesures qui s'imposent. La démocratie est défaillante ?
Ce raisonnement renforce involontairement les tendances autoritaires du capitalisme, on l'a vu. Surtout, il repose sur un postulat erroné : il suppose que nous sommes en démocratie, et que celle-ci fonctionne bien. Mais sommes-nous en démocratie – un régime où le peuple gouverne, ses représentants mettant en œuvre la volonté populaire ? Ou vivons-nous dans une apparence de démocratie ?  Dans une oligarchie travestie en démocratie ? Une oligarchie, c'est-à-dire un régime où un petit nombre, une étroite couche dirigeante, discute et adopte en son sein les décisions qu'il lui paraît nécessaire de prendre ?
Nous avons employé systématiquement le terme d'« oligarchie » pour caractériser la situation actuelle. Mais en laissant subsister une ambiguïté qu'il faut éclaircir : car le terme désigne à la fois une réalité sociologique,  l'oligarchie regroupe les oligarques, les membres de l'oligarchie – et un système politique – l'oligarchie par opposition à la démocratie ou à la monarchie. Ainsi, l'on vit à la fois en état d'oligarchie et sous la direction d'une oligarchie. Ceci est observable dans les grandes démocraties et le pire est dans les pays de la zone  de la fédération des colonies française d’Afrique (FCFA).
Aussi imparfaite qu'elle fût avant 1980, la démocratie était autrement vivante que le régime que nous connaissons. La question en cette deuxième décennie du XXIe  siècle est dès lors celle-ci : sommes-nous d'ores et déjà en oligarchie ? Sinon, à quel degré exactement nous situons-nous dans le glissement de la démocratie vers l'oligarchie ?
Il est heureux que la perception du problème émerge enfin. Le concept s'est réintroduit dans le vocabulaire politique à la faveur du pillage des biens collectifs organisé en Russie, lors de la chute de l'URSS, par des membres de la nomenklatura soviétique et des malandrins qui avaient commencé à prospérer durant les années précédentes. Le terme d'« oligarques » est ainsi entré dans le langage courant. Mais tout se passait comme s'il s'agissait d'une sorte d'anomalie russe, ce peuple souvent considéré comme bizarre et jamais vraiment civilisé. Que de condescendance !
La réalité du pillage organisé par les capitalistes dans le « monde libre » a fini par percoler dans les cervelles les plus obtuses, et l'on voit le mot d'« oligarchie », si précis et exact, s'insinuer dans le langage. Il paraît approprié pour décrire la situation de pays du Sud : à propos des Philippines, du Gabon, du Togo, du Burkina-Faso ou de la Chine.
Et l'on découvre que le terme est utile pour comprendre les États-Unis, où, à l'occasion de la suppression du plafond de financement électoral par les entreprises, un internaute du Washington Post s'alarme de la « marche vers l'oligarchie », tandis qu'un éditorialiste incrimine dans un article sur le « crépuscule des élites » les « vieilles et grosses oligarchies ».
Chez quelques intellectuels audacieux, le mot s'installe : Éric Hazan, pour qui le mot « peuple » a du sens, désigne « les membres de l'oligarchie au pouvoir », Le Monde diplomatique titre un dossier « Triomphe de l'oligarchie », tandis qu'Emmanuel Todd constate la « proximité exhibée » de M. Sarkozy avec l'« oligarchie ». Les sociologues Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot analysent en détail la politique du président français comme l'expression impudente de la classe oligarchique. Même le prudent Marcel Gauchet, théoricien conformiste de la démocratie libérale, tente d'analyser l'« oligarchisation ».
Mais on tourne autour du pot : on aborde l'oligarchie comme un groupe social, comme une sorte de mise au goût du jour du concept marxiste de « bourgeoisie », sans oser la penser comme le régime dans lequel le capitalisme est en train de nous faire glisser, pour autant que nous n'y soyons pas déjà enfermés.
Pourtant, on sent bien que la démocratie va mal. Croire à sa robuste définition, celle donnée, par exemple, par les grecs – « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple » –, semble extravagant. Cependant on ratiocine, on soupèse, on tergiverse, on entoure le malade de myriades de qualificatifs, supposés définir le symptôme ou le remède : la démocratie serait-elle « d'opinion », « d'influence », « participative », « médiatique », « d'action », « d'élection », doit-elle être « sociale », voire « adulte » ? 


Les savants ne savent pas et pataugent jusqu’ alors ? Parce qu'ils renâclent à formuler l'hypothèse qui s'impose : nous ne sommes plus en démocratie dans les pays occidentaux et dans les pays colonies africaines françaises, car c’est comme ça qu’il faut désormais les appeler, nous sommes dans les ténèbres épaisses du sarkozisme et du syndicat de banditisme international de casseurs de gueules.

mardi 14 février 2012

La gouvernance chaotique de Faure Kodjo Essozimna Gnassingbé et acolytes deux exemples patents: La pauvreté et chômage


Quand on aime, on ne compte pas. Au Togo, on devrait pourtant parfois prendre le temps de se pencher sur la réalité des chiffres. Dignitas et gravitas. Ils sont accablants sur le front du chômage et implacables sur le terrain de la pauvreté laissé en friche.


I-Chômage

         Le chômage a toujours pris de l’ampleur dans notre pendant ces quatre dernières décennies, menace la cohésion sociale et commande de tirer la sonnette d’alarme. C’est à cet exercice a été maintes fois fait par la presse privée et les togolais soucieux de leur pays mais observent comme impuissants face à cette explosion exponentielle du chômage. Au Togo, le seul domaine qui recrute, c’est la grande muette (FAT) et ses satellites. Chaque année son budget est en augmentation perpétuelle alors que le pays n’est jamais en guerre ? Mais à quoi faire avec au tant d’homme en uniforme dans ce petit pays me demandera-t-on ? Je ne saurais répondre !

 Au Togo, les jeunes en âge d’activité sont les oubliés des divers projets de société de ces trente dernières années. Du plan triennal au plan quinquennal, de la « nouvelle espérance » au « chemin d’avenir », les jeunes n’ont pas eu droit de cité dans le monde du travail. Les promesses d’emplois par Faure Kodjo Essozimna Gnassingbé sont restées lettre morte. Elles se sont évaporées comme des écrits sur du sable du Sahara. C’était du grand bluff.

La politique des grands travaux engagée à Lomé par le globe trotter national n’a rien changé à la donne, il s’agit d’une fuite en avant. Les entreprises chinoises  se taillent la part du lion avec une main-d’œuvre « made in china » ne crée pas assez d’emplois pour endiguer le flot de chômeurs qui courent les rues de Lomé, Kpalimé, Atakpamé, Kara, Sokodé et Dapaong. Ainsi jadis existante, la couche intermédiaire ou la classe moyenne entre les deux extrêmes a fondu comme la cire au soleil par une gestion approximative et calamiteuse du pays du père au fils. Le comble, il faut le reconnaître est atteint sous le fils, qui même après des années d’études dans les plus grandes universités occidentales a toutes les difficultés du monde. Changer des premiers ministres, n’est pas la solution, elle ailleurs.  On ne s’improvise pas dirigeant d’un pays, on aura tout vu dans ce pays.



II-Pauvreté

         Cet angle mort chez Faure Kodjo Essozimna Gnassingbé et ses agents de pilleurs n’est pas le seul. Il y en existe un autre : la pauvreté. Significativement le terme lui-même ne figure pas dans le programme du gouvernement comme priorité mais dans celui des objectifs du millénaire. C’est un secret de polichinelle. Au Togo, ces objectifs ne seront jamais atteints. Et pour cause. Faure Kodjo Essozimna Gnassingbé  s’occupe des femmes, des riches,  de ses amis, des réseaux mafieux de tout acabit,  pas de la pauvreté des populations togolaises.



Le dictateur génocidaire Faure Essozimna Gnassingbé continue à faire souffrir le peuple du Togo. L'amateurisme de son gouvernement, la présence si écrasantes de sa famille, de son  clan, de ses forces de l'ordre bloquent tout espace de liberté. Aucune marche d'action n'est laissée à plus de 80% de la population tant que sur le plan politique que sur le plan économique. Rien ne marche pour le bien général au Togo. Le Togo manque de l'électricité, de l'eau potable. Il faut voir l'état des villes du Togo, des routes, des écoles, les centres de santé, des marchés, des transports, en état de vétusté avancé. La population togolaise mène des conditions de vie très pénibles .A propos de l'hygiène: Les villes du Togo sont accablées sous l'augmentation des ordures ménagères et l’insalubrité. Le manque d'hygiène, l'absence du ramassage des déchets et de leur traitement qui sont à la cause de nombreuses maladies, des cas de mortalités. La population togolaise est si victime du paludisme et de tant autres épidémies mortelles à cause de cela. La mal gouvernance, le pillage organisé des richesses nationales par le dictateur qui favorise très largement sa famille, sa clique qui condamne le peuple à la pauvreté infinie. La majorité des Togolais sont mal nourris. De nombreux enfants souffrent de famine pendant que Faure, ses cousins, son clan vivent dans l'abondance, dans un luxe sans pareil et ne cessent de se déplacer à travers le monde avec des jets privés. Il faut condamner avec véhémence l'injustice sociale entretenue par le tirant du Togo et son clan. Faisant part des pays les plus corrompus du monde ce qui veut dire en claire qu’il n'est pas bon d'y investir ses petites économies. Trop risqué. Les scandales financiers, la corruption, l'injustice sociale, l'amateurisme dans la gestion publique ont atteint un niveau incroyable au Togo. Le dictateur Faure Kodjo Gnassingbé, son gouvernement, sa famille, son clan « ont érigé la mal gouvernance en mode de gestion » insupportable dans un pays il ferait bien de vivre si des dirigeants plus avisés et humains étaient aux affaires. Les" Mépris des productions locales". Les autorités du Togo ne s'occupent pas du tout de favoriser la mise en exploitation des terres propices à l'agriculture et la quasi totalité des produits agricoles et premières nécessités viennent d'ailleurs? Les Togolais en général sont étrangers chez eux. Ils très opprimés sous le règne de Faure Kodjo Essozimna Gnassingbé le dictateur génocidaire.

Quand les membres du clan Faure, au premier rang desquels figurent ses néo-riches qui gravitent toujours de lui  tandis que les étudiants et les amphithéâtres surpeuplés et les salariés sont en guenilles, alors le peuple quitte les oripeaux du désespoir pour endosser l’habit de colère. La crise politique dans laquelle s'enfonce le Sénégal après la Côte d'Ivoire version Ouattara et les convulsions que connaissent les géants d’Afrique le Nigeria et la République démocratique du Congo envoient un signal fort aux chefs d'État adeptes de « je l’ai dit, je me dédis » et tripatouilleurs des Constitutions dont Faure en est le champion des champions toute catégories confondues pour avoir quitté le poste de ministre pour devenir député puis président de l’Assemblée nationale pour atterrir comme président de la république bananière,  qui seraient tentés de croire que le « printemps » arabe ne gagnerait jamais les pays situés au sud du Sahara comme le nuage de Tchernobyl qui « s’arrêta » à la frontière de la France. Une colère populaire sournoise et en sourdine se manifestera tôt ou tard. Ce qui a déjà commencé.

Par la pratique du pouvoir et la gestion des ressources financières du Togo, Faure Kodjo Essozimna Gnassingbé et ses amis ont instauré l’approfondissement de la pauvreté et de la famine comme  arme de destruction massive de la population.


 Aujourd’hui, le Togo a pris des allures d’une pyramide dont la base formée de l’essentiel de la population est souffrance et la pointe, constituée de la famille régnante et ses courtisans  est gabegie. Au Togo, le creusement des inégalités sociales est sans cesse grandissant à tel point qu’il a entraîné la disparition de la classe moyenne. Rien ou presque n’est entrepris par Faure Kodjo Essozimna Gnassingbé pour relancer l’emploi, stopper la descente aux enfers des couches populaires et renverser la tendance. Dans les grands centres urbains, et encore davantage dans les agglomérations rurales, la pauvreté est la chose la mieux partagée par les Togolais. Rarement l’avenir n’aura semblé à la population du Togo aussi incertain. Et, dans ce chaos social, une minorité de nouveaux riches côtoie une masse grandissante de pauvres comme une citerne d’essence sur le point de se répandre sur une mèche en train de brûler.


samedi 11 février 2012

TOGO: Le Sergent Bawouna dénonce la torture et défie la CNDH






Il nous a plu de relayer cette publication de kaoci.com  sur la violation systématique des droits de l'Homme dans notre pays.



Le retard accusé dans la publication du rapport de la CNDH sur les allégations de tortures dans les locaux de l’ANR, continue par alimenter les débats. Condamné dans l’affaire de tentative de coup d’Etat, le Sergent Badabouwè Bawouna, dit attendre avec curiosité, la publication du rapport.

« Pour le moment, je ne souhaite pas citer les noms de mes tortionnaires. J’en ai déjà cité lors du procès et lors de la confrontation et j’attends le rapport », a déclaré le Sergent Bababouwè Bawouna, de la Garde présidentielle actuellement radié des Forces Armées Togolaises (FAT) suite à sa condamnation dans l’affaire de coup d’Etat. Pourtant, l’Avocat Général auteur de leur poursuite, avait reconnu à l’issue des débats, ne pas avoir suffisamment d’éléments étayant son implication dans la tentative dont Kpatcha Gnassingbé a été présenté comme auteur principal.

En marge d’une conférence de presse organisée par les Organisations de Défense des Droits de l’Homme (ODDH) en prévision de la marche de protestation qu’elles organisent demain samedi 11 février, à Lomé trois anciens militaires dont le Commandant Olivier Amah ont dit leur détermination à œuvrer en vue du respect des droits de l’homme au Togo. « J’ai décidé de dire la vérité parce que, je ne voudrais plus qu’on traite quelqu’un de la sorte », a indiqué le Sgt. Bawouna qui dit avoir été torturé et vu d’autres détenus faire l’objet de traitements inhumains et dégradants, lors de sa détention. 



« Ce que je voudrais que tout le monde sache, c’est qu’on a suspendu des gens que moi-même j’ai vu. J’ai fait quatre jours enfermé dans une cellule sans manger. A un moment, nous étions cinq dans notre cellule. On a demandé à nôtre geôlier la permission de nous rendre aux toilettes, ce qu’il a refusé, nous obligeant à faire nos besoins à même le sol dans la cellule. On a passé la nuit avec et ce n’est que le lendemain que nous les avons ramassé avec nos slips que nous avons rincés après », a t-il témoigné.

« Les cas de tortures là-bas ( Ndlr : ANR), ce n’est pas un mythe », a affirmé le Sgt Bawouna qui dit y avoir été détenu pendant 15 mois, avant d’être transféré au Camp Gnassingbé Eyadéma, où il passera 17 autres mois en détention, dans une cellule sans fenêtre. « Je voudrais que tout le monde le sache, à l’ANR, nous y avons passé les 15 mois à dormir à même le sol avant que le CICR, ne nous achète des matelas », a-t-il révélé.

Le Sgt Bawouna qui clame toujours son innocence dans cette affaire d’attentat à la sûreté de l’Etat, dit attendre le rapport de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH). Sur instruction du Garde des Sceaux, Ministre des la Justice, la CNDH a ouvert des enquêtes sur les allégations de tortures à l’ANR dénoncées par les co-accusés de Kpatcha Gnassingbé, lors de leur procès. Alors que le président de la Commission, le juge Koffi Kounté avait déclaré que le rapport sera rendu public au plus tard le 27 janvier 2012, le rapport n’est toujours pas connu du public. Il serait selon une source proche de l’instance constitutionnelle de défense des droits de l’homme, remis au gouvernement. 



Autre rebelle clamant son innocence et sa détermination à se voir rétabli dans ses droits, le Cdt Olivier Amah. Ce dernier a fustigé les menaces de mort qui plane sur lui depuis ses sorties dénonçant les montages dont ils ont été victimes. Egalement d’origine Kabyè, l’élève gendarme Kao Atcholi qui se dit aussi victime dans cette affaire, a appelé les Togolais à se lever contre les injustices. « Je suis un frère à ceux qui m’ont torturé. S’ils ont pu le faire à un frère, ce n’est pas à une tierce personne qu’ils ne le feront pas », a-t-il dit.

La question des violations des droits de l’homme préoccupent une dizaine d’organisations des droits de l’homme qui ont appelé à une grande marche demain. A l’exception du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR), les principales formations de l’opposition dont le FRAC et la CDPA ont appelé leurs militants à y participer massivement. 

Source: www.koaci.com, Lomé, le 10 Février 2012