La plupart d’entre nous ce sont certainement posés
cette question au vue des derniers développements géopolitiques et
géostratégiques dans le monde en commençant par les fameuses « révolutions
arabes », suivies de cette agression contre la Côte-d’Ivoire puis
maintenant, ce qui se passe en Syrie et
viendra après le cas de l’Iran et qui sait encore d’autres encore…Alors pour vous donner une
petite idée de ce qui se passe, il nous sied de revenir sur quelques pistes que
nous avions développées dans deux articles précédemment.
Le 07 Novembre 2009, nous avions publié sur notre blog un article intitulé ײ La Fin programmée de la démocratie dans les pays du Nord et étouffée dans les pays du Sud ". Dans cet article, nous avions essayé de faire une analyse de ce que nous vivons aujourd’hui et surtout les raisons profondes ou encore mieux la motivation de cette fin rythmée de la démocratie alors que beaucoup de pays n’ont pas encore expérimenté cette façon de gérer de la Cité. Ensuite tout récemment nous avions aussi publié un article titré ײMaudite soit la démo-dictature", qui est un jeu de mots mais qui a tout son sens…
Pour mieux vous
plonger réellement et vous nourrir
davantage en idées, nous nous référons à une citation de David Rockefeller, « Nous
sommes à la veille d'une transformation globale. Tout ce dont nous avons besoin
est la bonne crise majeure, et les nations vont accepter le Nouvel Ordre
Mondial ».
La question est de savoir de quel ordre mondial parle
Sieur Rockefeller ? A l’aune de
notre analyse vous comprendrez aisément qu’il ne s’agit que de l’oligarchie.
En effet, nous vivons depuis quelques années un changement radical du type de régime politique dans les pays occidentaux, avec l'avènement d'un nouveau pouvoir, celui des réseaux économiques et financiers. Voici les raisons pour lesquelles nous ne sommes déjà plus tout à fait en démocratie.
En effet, nous vivons depuis quelques années un changement radical du type de régime politique dans les pays occidentaux, avec l'avènement d'un nouveau pouvoir, celui des réseaux économiques et financiers. Voici les raisons pour lesquelles nous ne sommes déjà plus tout à fait en démocratie.
I- Entre Oligarchie et Ploutocratie
Nous sommes dans un régime qui se situe entre l'oligarchie (en grec, le pouvoir d'un petit nombre), une élite qui débat entre
elle puis impose ses décisions à la collectivité, et la ploutocratie (le pouvoir des
plus riches).
La démocratie est définie comme, le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple.
Or aujourd'hui, c'est plutôt le pouvoir des riches, par les riches et pour les riches.
La démocratie est définie comme, le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple.
Or aujourd'hui, c'est plutôt le pouvoir des riches, par les riches et pour les riches.
Dans son ouvrage le journaliste Hervé Kempf, (2011), L'oligarchie ça
suffit, vive la démocratie, l’auteur pose certaines interrogations qui doivent
honnêtement nous interpeller à plus d’un titre afin de savoir quelles
orientations devrions nous donner à la lutte dans notre pays.
Kempf, H.,
débute ainsi, « Sommes-nous en
dictature? Non. Sommes-nous en démocratie? Non plus. Les puissances d'argent
ont acquis une influence démesurée, les grands médias sont contrôlés par les
intérêts capitalistes, les lobbies décident des lois en coulisses, les libertés
sont jour après jour entamées. Dans tous les pays occidentaux, la démocratie
est attaquée par une caste. En réalité, nous sommes entrés dans un régime
oligarchique, cette forme politique conçue par les Grecs anciens et qu'ont
oubliée les politologues: la domination d'une petite classe de puissants qui
discutent entre pairs et imposent ensuite leurs décisions à l'ensemble des
citoyens.
Si nous voulons répondre aux défis du XXIe siècle, il faut revenir en démocratie: cela suppose de reconnaître l'oligarchie pour ce qu'elle est, un régime qui vise à maintenir les privilèges des riches au mépris des urgences sociales et écologiques.
Car la crise écologique et la mondialisation rebattent les cartes de notre culture politique: l'Occident doit apprendre à partager le monde avec les autres habitants de la planète. Il n y parviendra qu'en sortant du régime oligarchique pour réinventer une démocratie vivante. Si nous échouons à aller vers la Cité mondiale, guidés par le souci de l'équilibre écologique, les oligarques nous entraîneront dans la violence et l'autoritarisme ».
Si nous voulons répondre aux défis du XXIe siècle, il faut revenir en démocratie: cela suppose de reconnaître l'oligarchie pour ce qu'elle est, un régime qui vise à maintenir les privilèges des riches au mépris des urgences sociales et écologiques.
Car la crise écologique et la mondialisation rebattent les cartes de notre culture politique: l'Occident doit apprendre à partager le monde avec les autres habitants de la planète. Il n y parviendra qu'en sortant du régime oligarchique pour réinventer une démocratie vivante. Si nous échouons à aller vers la Cité mondiale, guidés par le souci de l'équilibre écologique, les oligarques nous entraîneront dans la violence et l'autoritarisme ».
Il est de l'intérêt des puissants de faire croire au
peuple qu'il est en démocratie. Mais on ne peut pas comprendre le moment
présent si l'on n'explore pas la réalité soigneusement occultée : nous sommes
en oligarchie, ou sur la voie de l'oligarchie.
Identifier le mal, c'est se donner les moyens de le
guérir. L'histoire est fille de la liberté. L'oligarchie peut être renversée,
la démocratie refleurir, le peuple prendre en main son destin, l'équilibre
écologique se reformer mais les affaires
du monde sont-elles guidées par la raison ?
II-
Des citoyens au « faible rendement mental »
La critique capitaliste de la démocratie a commencé à
s'affirmer au mitan du XXe siècle. Jusqu'alors, la démocratie était violemment
dénigrée par le fascisme et par le marxisme.
À partir des années 1940, des idéologues capitalistes
ont commencé eux aussi – alors que le fascisme était défait – à critiquer
l'idéal démocratique. Une analyse majeure est de ce point de vue celle de
l'économiste Joseph Schumpeter, qui
publia en 1942 aux États-Unisson maître-ouvrage Capitalisme, socialisme et
démocratie. Persuadé que l'étalon de la rationalité était celui de l'entrepreneur
cherchant à maximiser son profit, le professeur de Harvard s'attaquait à la
théorie libérale de la démocratie, en commençant par démontrer l'inanité du
concept de bien commun. De même, le « peuple » n'avait pas de substance : la « volonté des citoyens » se réduisait à « un
ramassis confus de vagues impulsions mollement rattachées à des slogans tout
faits et à des impressions erronées ». Quant au citoyen, manipulé par
les partis, conditionné par la publicité, occupé de ses affaires personnelles,
il ne pouvait être rationnel : « Le citoyen typique, dès qu'il se mêle de
politique, régresse à un niveau inférieur de rendement mental […], il redevient
un primitif ».
Ainsi, pilotée par les politiciens, « la
masse électorale est incapable d'agir autrement que les moutons de Panurge ».
Ce diagnostic conduisait Schumpeter, qui ne prenait cependant pas explicitement
position contre la démocratie, à réduire celle-ci à une procédure : « La
méthode démocratique est le système institutionnel, aboutissant à des décisions
politiques, dans lequel des individus acquièrent le pouvoir de statuer sur ces
décisions à l'issue d'une lutte concurrentielle portant sur les votes du peuple.
» C'est dire que la politique se réduit à une joute entre partis pour capter
d'élection en élection les faveurs d'une masse à peu près stupide et
conditionnée.
«Cette circonstance, poursuit Schumpeter,
impose aux hommes placés au gouvernail ou près du gouvernail une vision à court
terme et leur rend extrêmement difficile l'accomplissement des efforts
persévérants orientés vers des fins à peine distinctes qu'impliquerait le
service des intérêts à long terme du pays. » Ironie de l'histoire,
Schumpeter reprenait la métaphore de Mussolini : « Le Premier ministre d'une
démocratie pourrait être comparé à un cavalier si complètement absorbé par ses
efforts pour rester en selle qu'il ne peut diriger sa course. » Au
total, dans la vision de MM. Berlusconi et Schumpeter, on peut distinguer ainsi
la dictature et la démocratie : dans le premier cas, le chef ne peut que
commander à son cheval, dans le second, il ne peut qu'essayer de ne pas être désarçonné.
Quel était le pronostic final du professeur pour
limiter les dégâts de ce système si médiocre ?
Constituer une sorte de classe de dirigeants « de suffisamment bonne qualité », « une “strate” sociale, formée par un processus de sélection sévère, dont
les éléments s'orientent tout naturellement vers la politique ».
Qu'à bien des égards, la description de Schumpeter
correspond à la situation actuelle, on
peut l'admettre. Qu'elle corresponde à la démocratie est une autre affaire. On
y reviendra. Mais en chemin, il faut d'abord s'arrêter à une autre étape majeure
de la critique capitaliste de la démocratie. Il s'agit de l'analyse de la
Commission Trilatérale, publiée en 1975, et intitulée Crisis of Democracy. La Commission regroupe depuis son
origine en 1973 des dignitaires politiques et économiques provenant des États-Unis,
d'Europe et du Japon, afin de « renforcer
la coopération entre ces trois régions ».
Le chapitre le plus significatif du rapport de 1975
concernait les États-Unis et était rédigé par Samuel Huntington, le même Huntington
qui s'illustrerait plus tard en théorisant le « choc des civilisations » censé opposer l'Occident à l'islam – une théorie
qui ferait le miel des néoconservateurs et d'une présidence aussi
magnifiquement démocratique que celle de George W. Bush.
Que disait le rapport de la Trilatérale ? Il célébrait
la démocratie, mais pour en déplorer les excès. « La décennie 1960 a témoigné
de la vitalité de l'idée démocratique. Elle a été une décennie de poussée
démocratique et de réaffirmation de l'égalitarisme démocratique. » L'auteur
n'avait pas besoin de citer ce qui était alors évident pour tout le monde : la
lutte contre la guerre au Vietnam, les mouvements de Mai 68, la révolution hippie,
l'énergie populaire qui avait poussé partout à l'amélioration des revenus du
travail. Inconvénient de cette effervescence
: « La
vitalité de la démocratie aux États-Unis dans les années 1960 a engendré une
augmentation substantielle de l'activité gouvernementale et une diminution
substantielle de l'autorité gouvernementale. » Au moment de la rédaction
de l'ouvrage, le président Richard Nixon venait d'être contraint à la démission
après qu'il eut été prouvé qu'il avait commandité la pose d'un système
d'écoutes téléphoniques au siège du Parti démocrate, dans l'immeuble Watergate.
En fait, concluait Huntington, « plusieurs des problèmes de
gouvernance aux États-Unis aujourd'hui découlent d'un excès de démocratie […].
Ce qui est nécessaire est un degré plus grand de modération dans la démocratie
». L'habitude qui s'était prise d'exprimer son point de vue était décidément gênant
: « Le
bon fonctionnement d'un système politique démocratique requiert habituellement
une certaine mesure d'apathie et de non-engagement d'une partie des individus
et des groupes. »
M. Huntington concluait en ces termes : «Nous
en sommes venus à reconnaître qu'il y a potentiellement des limites désirables
à la croissance économique. Il y a aussi potentiellement des limites désirables
à l'extension indéfinie de la démocratie politique. » Par le plus
infortuné des hasards, la croissance ne serait pas remise en question par la
suite par les affidés de la Trilatérale. Pour ce qui est de l'extension de la
démocratie, en revanche…
Dans la belle théorie de M. Schumpeter, il y avait un
point que le digne professeur avait bien vu, mais qu'il avait relégué dans une
note de bas de page, sans chercher à exercer sa verve cynique. À propos des « intérêts capitalistes organisés », il remarquait
: «On
doit reconnaître que des ressources privées sont fréquemment employées aux fins
d'interférer avec le fonctionnement du mécanisme de commandement concurrentiel.
» Et ? Rien ! Le citoyen est un primitif, le peuple n'existe pas, mais
l'interaction entre les intérêts capitalistes organisés et la démocratie ne
vaut pas plus que deux lignes. De même, la Trilatérale, trente ans plus tard,
entr'apercevrait l'ombre de l'esquisse d'un problème : dans des « remarques », un membre de la commission
observait « un nouvel aspect » : « Les
gouvernements démocratiques peuvent éprouver des difficultés à faire face au
pouvoir d'institutions extraparlementaires […].
Je pense à deux puissantes institutions économiques – les compagnies
géantes et les syndicats grands et puissants. » On sait ce qu'il est advenu des « grands et puissants syndicats ». Mais
des compagnies géantes ?
C'est David Rockefeller, membre de la Trilatérale et
président de la Chase Manhattan Bank, qui allait donner la réponse en 1999 dans
Newsweek : « Dans les dernières années, une large partie du monde a tendu vers la
démocratie et les économies de marché. Cela a amoindri le rôle des
gouvernements, ce qui est quelque chose à quoi les hommes d'affaires sont
favorables. Mais l'autre aspect de ce phénomène est que quelqu'un doit prendre
la place du gouvernement, et les entreprises [business] me semblent être
l'entité logique pour le faire. »
La boucle pouvait alors se boucler : il ne restait
qu'à bien exercer « la technologie du pouvoir démocratique qui permet aux classes
dirigeantes de contrôler le peuple au nom de la légitimité populaire ».
Et puisque cela marche si bien, on peut même lancer quelques ballons d'essai
sur l'idée de dictature. Bienfaisante, bien sûr.
III- Le
glissement vers l'oligarchie
Le sommet de Copenhague fut, du point de vue journalistique,
un moment extraordinaire. Et pourtant, malgré l'intensité foisonnante de ces
journées qui paraissaient dépasser vingt-quatre heures.
Ryszard Kapuscinski était un reporter polonais qui a
écrit, jusque dans les années 1980, des reportages parmi les plus beaux que
nous connaissons.
Dans Le Shah, décrivant l'Iran sous le règne de Reza Pahlavi entre 1941 et 1979, il
dresse un tableau glaçant de ce qu'est une dictature: la somme incroyable de violence
et de souffrance qu'entraîne le pouvoir d'un tyran convaincu de sa raison, la
peur du policier et de la dénonciation qui paralyse la conduite de chacun, la
méfiance de tous envers tous, jusqu'entre parents et enfants.
Dans cette pérégrination littéraire sans finalité
apparente, Kapuscinski, « Ce
n'est pas l'être humain qui, de nature, est mauvais, dépravé, mesquin, mais le
système dans lequel il est amené à vivre. C'est pourquoi Hérodote est un
défenseur acharné de la liberté, un adversaire du despotisme, de l'autocratie
et de la tyrannie, car il considère que seule la démocratie permet à l'individu
de se comporter avec dignité, d'être lui-même, d'être humain. “Regardez, semble
nous dire Hérodote, un minuscule groupe d'États grecs a réussi à vaincre une
immense puissance orientale ! Pourquoi ? Parce que les Grecs se sentaient
libres et, pour cette liberté, ils étaient prêts à tout donner.” »
Ce portrait pourrait être celui de l'esprit qui a
présidé à l'invention de la démocratie.
IV-
Sommes-nous déjà en oligarchie ?
Revenons à nos écologistes de Copenhague. Le fait majeur
qui définit notre époque : la crise écologique et la nécessité impérative d'en
prévenir l'aggravation si nous voulons éviter le chaos d'une communauté humaine.
Mais d'abord : que se passe-t-il ? Qui sont les auteurs de ce chao ?
On se rappelle le raisonnement des écologistes: la
crise écologique est d'une gravité telle qu'il faut prendre des mesures
radicales pour la prévenir. Mais les citoyens d'aujourd'hui refusent de changer
leur mode de vie destructeur. Dès lors, les dirigeants qu'ils élisent ne
prennent pas les mesures qui s'imposent. La démocratie est défaillante ?
Ce raisonnement renforce involontairement les
tendances autoritaires du capitalisme, on l'a vu. Surtout, il repose sur un postulat
erroné : il suppose que nous sommes en démocratie, et que celle-ci fonctionne
bien. Mais sommes-nous en démocratie – un régime où le peuple gouverne,
ses représentants mettant en œuvre la volonté populaire ? Ou vivons-nous dans une apparence de démocratie ? Dans une oligarchie travestie en démocratie ? Une
oligarchie, c'est-à-dire un régime où un petit nombre, une étroite couche
dirigeante, discute et adopte en son sein les décisions qu'il lui paraît
nécessaire de prendre ?
Nous avons employé systématiquement le terme d'« oligarchie » pour caractériser la situation
actuelle. Mais en laissant subsister une ambiguïté qu'il faut éclaircir : car
le terme désigne à la fois une réalité sociologique, l'oligarchie regroupe les oligarques, les
membres de l'oligarchie – et un système politique – l'oligarchie par opposition
à la démocratie ou à la monarchie. Ainsi, l'on vit à la fois en état
d'oligarchie et sous la direction d'une oligarchie. Ceci est observable dans
les grandes démocraties et le pire est dans les pays de la zone de la fédération des colonies française
d’Afrique (FCFA).
Aussi imparfaite qu'elle fût avant 1980, la démocratie
était autrement vivante que le régime que nous connaissons. La question en
cette deuxième décennie du XXIe siècle
est dès lors celle-ci : sommes-nous d'ores et déjà en oligarchie ? Sinon, à quel
degré exactement nous situons-nous dans le glissement de la démocratie vers
l'oligarchie ?
Il est heureux que la perception du problème émerge
enfin. Le concept s'est réintroduit dans le vocabulaire politique à la faveur
du pillage des biens collectifs organisé en Russie, lors de la chute de l'URSS,
par des membres de la nomenklatura soviétique et des malandrins qui avaient
commencé à prospérer durant les années précédentes. Le terme d'« oligarques » est
ainsi entré dans le langage courant. Mais tout se passait comme s'il s'agissait
d'une sorte d'anomalie russe, ce peuple souvent considéré comme bizarre et
jamais vraiment civilisé. Que de condescendance !
La réalité du pillage organisé par les capitalistes
dans le « monde libre » a fini par percoler
dans les cervelles les plus obtuses, et l'on voit le mot d'« oligarchie », si précis et exact, s'insinuer
dans le langage. Il paraît approprié pour décrire la situation de pays du Sud :
à propos des Philippines, du Gabon, du Togo, du Burkina-Faso ou de la Chine.
Et l'on découvre que le terme est utile pour
comprendre les États-Unis, où, à l'occasion de la suppression du plafond de financement
électoral par les entreprises, un internaute du Washington Post s'alarme de la
« marche vers l'oligarchie », tandis
qu'un éditorialiste incrimine dans un article sur le « crépuscule des élites » les « vieilles
et grosses oligarchies ».
Chez quelques intellectuels audacieux, le mot
s'installe : Éric Hazan, pour qui le mot « peuple
» a du sens, désigne « les membres de
l'oligarchie au pouvoir », Le Monde diplomatique titre un dossier « Triomphe de l'oligarchie », tandis qu'Emmanuel
Todd constate la « proximité exhibée
» de M. Sarkozy avec l'« oligarchie
». Les sociologues Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot analysent en détail
la politique du président français comme l'expression impudente de la classe
oligarchique. Même le prudent Marcel Gauchet, théoricien conformiste de la démocratie
libérale, tente d'analyser l'« oligarchisation
».
Mais on tourne autour du pot : on aborde l'oligarchie comme
un groupe social, comme une sorte de mise au goût du jour du concept marxiste
de « bourgeoisie », sans oser la penser
comme le régime dans lequel le capitalisme est en train de nous faire glisser,
pour autant que nous n'y soyons pas déjà enfermés.
Pourtant, on sent bien que la démocratie va mal.
Croire à sa robuste définition, celle donnée, par exemple, par les grecs – « gouvernement
du peuple, par le peuple et pour le peuple » –, semble extravagant. Cependant on ratiocine, on soupèse, on
tergiverse, on entoure le malade de myriades de qualificatifs, supposés définir
le symptôme ou le remède : la démocratie serait-elle « d'opinion », « d'influence
», « participative », « médiatique », « d'action », « d'élection
», doit-elle être « sociale », voire « adulte » ?
Les savants ne savent pas et pataugent jusqu’
alors ? Parce qu'ils renâclent à formuler l'hypothèse qui s'impose : nous
ne sommes plus en démocratie dans les pays occidentaux et dans les pays
colonies africaines françaises, car c’est comme ça qu’il faut désormais les
appeler, nous sommes dans les ténèbres épaisses du sarkozisme et du syndicat de
banditisme international de casseurs de gueules.
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